Le chemin Kempt a été nommé en l’honneur de Sir James Kempt, gouverneur du Canada de 1828 à 1830. Il fut l’instigateur de ce projet d’envergure. Ce chemin était la première voie terrestre qui liait toute la région du fleuve Saint-Laurent aux provinces maritimes. Celui-ci facilita la colonisation de petits villages.
John MacNider, un personnage important du début des années 1800 en région était un des grands promoteurs de cette aventure. Il ne faut pas oublier que Grand-Métis a été le point de départ du chemin Kempt. Bien avant la construction de ce chemin, le trajet entre Québec et Saint-Jean au Nouveau-Brunswick se faisait via le Portage. Suite à la guerre entre le Canada et les États-Unis de 1812 à 1814, il fallait une nouvelle route éloignée des frontières américaines selon les autorités canadiennes. Construite rapidement, elle était la seule route qui se rendait à l’intérieur des terres.
Après une demande personnelle du gouverneur en 1824, James Crawford fut chargé de faire lui-même une exploration dans la vallée. Dans une lettre datée de 1829, Sir James Kempt informait le colonel York qu’une expédition sous le commandement de William McDonald serait organisée dans la vallée de la Matapédia et qu’une seconde se ferait à l’intérieur des terres, à l’est de la rivière Matapédia. Par la suite, un rapport est complété par ce même McDonald avec l’aide de Robert Ferguson. William McDonald et l’arpenteur Frédéric Fournier sont donc en mesure de commencer un tracé du chemin Kempt de Grand-Métis jusqu’au ruisseau de l’Officier, à Pointe-à-la-Croix, sur la rivière Restigouche, couvrant une distance de 98 milles à l’intérieur des terres.
La construction du chemin débuta en 1830 sous la supervision de William McDonald et du Major Wolfe. En juin 1831, un accident tragique marqua cette construction, l’arpenteur Frédéric Fournier se noie en examinant une partie du chemin Kempt entre le Lac Matapédia et le Lac-au-Saumon, il n’avait que 22 ans. Un secteur sera terminé en 1832, au coût de 30 000 $. Imparfait, mais passable par endroit, ce chemin devait être terminé à l’automne 1832, mais en réalité, il n’était qu’ébauché. D’Amqui à Restigouche, c’était une succession de bourbiers et de précipices. Il sera achevé qu’en 1833.
Pendant de longues années, surtout en hiver, des chiens attelés à des traîneaux remplaçaient les chevaux pour le service du transport des postes. Voilà ce qu’était le chemin Kempt. Malheureusement, plusieurs voyageurs empruntant ce chemin y trouvèrent la mort dans le froid et les intempéries de l’expédition. Plusieurs se noyèrent en tentant de traverser les rivières. Pour venir en aide aux malheureux voyageurs, le gouvernement établit quatre postes de surveillance le long du chemin. En 1839, un rapport complet a été rédigé par le lieutenant J.W. Gordon. Celui-ci retraça l’histoire du chemin et donna une description détaillée de son état de l’époque. Des recommandations et des suggestions ont été faites pour son amélioration.
Des vestiges du chemin Kempt à Grand-Métis (photo Samuel Côté)
À la suite de nombreuses plaintes des usagers sur les conditions du chemin Kempt, le gouvernement décida de l’abandonner en 1857. Un nouveau tracé de Causapscal à la rivière Restigouche, le long de la rivière Matapédia fut adopté. Cette route portera désormais le nom de Chemin Matapédia et sera complété en 1862. Malgré tout, les autorités de la région engagea des gardiens pour la surveillance et l’entretien de ce chemin. Le chemin Kempt ornera à jamais le côté de nos routes, de Grand-Métis en passant par Saint-Octave-de-Métis et Padoue, il aura été un témoin de notre riche passé.